Un spectacle sur la météo ? Mon interlocuteur interloqué nous visait de son œil de morte-eau. Drôle d’idée.
En quoi la météo peut-elle constituer l’imaginaire, l’esthétique d’un spectacle ? Comment sa fatalité, ses surprises destinées à faire parler les oisifs tous terrains, ses variations prévisibles ou imprévisibles, peuvent-elles produire un spectacle qui ne soit pas un caprice esthétique ?
Tornades, inondations, courants marins détournés de leurs lits, couche d’ozone en lambeaux, réchauffement climatique, la planète ne cesse de nous assaisonner d’intempéries.
Les trois auteures du Collectif Coq Cig Gru qui ont mis au coeur de leur écriture l’invention et l’urgence, se retrouvent pour explorer leur sensibilité aux météores et projeter leurs héros dans les bourrasques et les embellies…
Une tempête d’histoire à raconter par tous les temps…
Il était temps pour nous de jeter nos propres héros au cœur des phénomènes…
Intentions de mise en scène
Les trois pièces commandées aux auteurs ont trouvé immédiatement leur ordre. Celui-ci s’est imposé comme une évidence, comme doit s’imposer également une vision scénique.
Le compagnonnage entamé avec Goury, scénographe du spectacle Le Ventre des philosophes, se poursuit et le travail de réflexion est lancé. Le dialogue entre créateurs et création porte ses fruits.
L’univers mécaniste de Goury rejoint parfaitement l’univers des trois pièces et les désirs de mise en scène.
Nous avons envie de créer des « boites à jouer » pour faire exister les trois appartements du Passage des Giboulées, ces trois lieux distincts.
C’est donc une sorte de construction – déconstruction – agencement qui se profile partant du réalisme de la pièce de Karin Serres et sa réelle météo, passant par l’univers imaginaire de Françoise Pillet et sa fabrique de météo (le réel laisse alors place à l’imaginaire et le décor ouvre ses entrailles pour laisser l’eau jaillir) et aboutissant à la pièce de Dominique Paquet, dans laquelle les phénomènes météorologiques font une entrée remarquée à l’intérieur de la maison. Il pleut, il vente, le brouillard sort du frigidaire et de la bouilloire…nous sommes dedans et dehors à la fois et la météo est en nous.