Michel Onfray a vu Le Ventre des philosophes
Diogène mastique frénétiquement son poulpe, Rousseau tourne sa cuillère dans son laitage, Nietzsche peste contre le goulasch en se gavant de charcuterie… Michel Onfray a vu l’adaptation au théâtre de son essai, Le Ventre des philosophes. Réaction à chaud :
« Quand on publie un livre, on se prépare à ce que d’autres s’en emparent. Cette troupe de théâtre avait déjà travaillé avec des textes de Deleuze et de Descartes, j’avais affaire à des gens bien ! Puis ils ont adapté Le Ventre des philosophes pour la scène. J’adhère totalement à leur vision du texte, qui met en valeur la philosophie du corps. Ils en soulignent l’aspect ludique, l’ironie ; un aspect mal perçu à la sortie du livre. (…)
…j’ai une préférence pour le théâtre destiné au public, sans sombrer dans le populisme ou le divertissement à tout prix. Je ne suis pas un partisan de la forme pure, de ce théâtre qui se fait pour les spécialistes. J’aime les passeurs et les passages, les artistes qui dressent des ponts entre la pensée et le théâtre. »
Propos recueillis par Pierre Notte. EPOK- L’HEBDO DE LA FNAC

Du cru et du cuit
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. » En une phrase, tout est résumé. S’emparant du livre de Michel Onfray, Le Ventre des philosophes (Ed. Grasset, 1989), Dominique Paquet invite délicieusement aux controverses sur le cru et le cuit, la viande et le légume, l’état de nature et les produits de la civilisation.
L’art de philosopher et celui de cuisiner se croisent, chacun se nourrissant de l’autre. De Diogène à Sartre, en passant par Rousseau, Kant, Nietzsche…, les cerveaux phosphorent en même temps que s’éveillent les papilles. L’exercice, savant, est jubilatoire. Installée dans un décor ingénieux de cuisine (un plateau tout en trappes et chausse-trapes), la mise en scène alerte de Patrick Simon ne laisse rien perdre du suc de ces discours. Trois comédiens fines gueules sont les amphitryons de ce repas de fête : Michelle Brûlé, la cuisinière, Eric Charon et Christian Drillaud, les « philosophes ».
Didier Méreuze. La Croix

La philo par le menu
« Quel est le coefficient métaphysique du citron ? » Probablement le même que celui des penseurs lorsqu’ils dissertent sur les nourritures terrestres. De Diogène à Sartre en passant par Rousseau, Nietzsche et tutti Kant(i), le régime des philosophes ne met pas forcément pas l’eau à la bouche. En revanche, selon Michel Onfray, l’analyse de leurs préférences culinaires serait révélatrice de leur conception philosophique : « L’homme est ce qu’il mange ». Il en fit la cocasse démonstration dans son premier livre, Le Ventre des philosophes. Critique de la raison diététique (1989), dont le Groupe 3.5.81 propose actuellement une adaptation scénique. Une bonne occasion de rire intelligemment (…).
L’auteur y dévoile un assujettissement de l’esprit et de la chair pour le moins inédit. « L’alimentation est sans conteste la cause de plus de comportements qu’on l’imagine ». Ainsi faudrait-il considérer le retour à la nature chez Rousseau à la lumière de son appétence pour les laitages ou de son refus de la viande. Ou encore l’aversion des crustacés chez Sartre par « son dégoût de la moule ». De la à penser que « l’homme est naturellement bon », à manger alors ?
Marc Laumônier. Libération

…Une soirée roborative à tout point de vue où l'histoire philosophique accouche d'une montagne de sourires, de tablées parfois pantagruéliques ou de banquet sur l'herbe des près avec de la crème et des fromages pour seules victuailles.
Eric Charon, est un philosophe sec comme un fromage de chèvre, ou déluré, comme monté sur un piston, tandis que Christian Drillaud, est plus souple, bonhomme où furibard selon l'emploi. De son côté, Michelle Brûlé est une passeuse de plats tout à fait docte, charmante, dont la gourmandise est communicative.
Jean-Claude Rongeras. France 2

Les philosophes à table
Judicieux condensé de science et d’humour retraçant les itinéraires de quelques grands philosophes, Le ventre des philosophes s’expose au théâtre.
Actrice et dramaturge, Dominique Paquet en a fait l’adaptation, laissant à son complice en philosophie gourmande Patrick Simon le soin d’imaginer une mise en scène adéquate. Le résultat : une grande table-comptoir avec des tiroirs secrets d’où la comédienne Michelle Brûlé, extirpe tour à tour Diogène, Rousseau, Kant, Nietzsche et Sartre. Chacun défendra son régime et précisera sa pensée. On s’apercevra alors que chez certains, la chère est faible et l’esprit tortueux.
André Lafargue. Le Parisien

Une femme en train de cuisiner s’interroge sur l’utilité des nourritures terrestres pour la philosophie. Afin de guider sa réflexion, elle convoque de grands penseurs autour d’un banquet. C’est ainsi que Diogène, Rousseau, Kant, Nietzsche et Sartre défilent à sa table. Dans un dialogue piquant avec la cuisinière, chacun défend au mieux son bifteck. Diogène est l’apôtre de la chair crue comme besoin vital, Rousseau prône le retour au manger naturel, Kant théorise l’élément nourriture, Nietzsche parle de diététique comme art de vivre et Sartre, lui, préfère plutôt jeûner pour boire…
Amusant et bien rempli que ce « ventre des philosophes » ! Le Groupe 3.5.81 nous invite, gourmands ou simples mangeurs, à explorer de façon originale les liens qui unissent la chair à l’esprit. Comme une bonne leçon de dialectique, ce spectacle est mené avec simplicité et intelligence. L’opus de Michel Onfray, très accessible, nous apprend beaucoup sur la philosophie de la nutrition. Il recèle une foule de petits détails et d’anecdotes sur les maîtres qui nous ont fait sourire. Le tout est finement interprété par Michelle Brûlé, cuisinière joueuse et provocatrice, accompagnée du duo Eric Charon-Christian Drillaud, qui campe de drôles de philosophes un peu « toqués ».
Notons en dessert la délicate mise en scène de Patrick Simon, qui réserve des effets de surprises forts réussis. Une leçon de cuisine légère, où nos papilles et neurones s’excitent joyeusement sans jamais s’ennuyer !
Lise de Rocquigny. Pariscope

Michel Onfray, le philosophe hors système, s’était préoccupé dans un premier essai des relations des penseurs avec la bonne chère. Exemple : Sartre n’aimait pas les homards et se posait des questions sur la métaphysique du citron. Dominique Paquet a adapté le livre, comme on découpe une volaille. Patrick Simon, sur un décor de Goury, transforme le texte en une conférence hédoniste entrecoupée par les passages des philosophes.
En théoricienne sensuelle, Michelle Brûlé rend hard ce qui est ardu. Christian Drillaud (un Nietzsche affamé), et Eric Charon, en Diogène, sont impayables.
Gilles Costaz. Zurban

(…) c’est réussi ! Onfray passe les plus connus des philosophes (Kant, Rousseau, Nietzsche, Sartre…) à la moulinette culinaire. Ils sont convoqués par Diogène, qui rappelle qu’ « on ne peut faire de la nature un principe directeur sans appréhender la nourriture de manière conséquente ». Pense-t-on en étant influencé par ce qu’on mange ? Telle est la grande question. Et c’est effectivement très ludique. D’autant que les comédiens Eric Charon et Christian Drillaud s’amusent comme des fous à se faire la tête des philosophes. Dominique Paquet, l’adaptatrice, et Patrick Simon, le metteur en scène, tentent depuis longtemps de réconcilier théâtre et philosophie. (…) ce dernier spectacle est le plus abordable. Et donc le plus réussi.
Jean-Luc Jeener. Le Figaro Magazine

La grande bouffe revue et corrigée par les philosophes. De quoi se mettre en appétit avec les 17-19 ans en filière littéraire !
Sommes-nous ce que nous mangeons ? La question, métaphysique, s’adresse à tous ceux qui préparent l’épreuve de philosophique du bac. Ils devraient aller voir cette pièce réussie et très enlevée. Le texte est sorti du livre de Michel Onfray, publié en 1989.
Cinq philosophes y dissertent sur la nourriture et l’alimentation avec une cuisinière cordon bleu. A chacun ses passions : Diogène ne jure que par le poulpe, Rousseau a les yeux dans le lait, Kant titube de malnutrition, Nietzsche se gave de charcuterie, Sartre cherche le coefficient métaphysique du citron. « Si je mange un gâteau rose, le goût en est rose. (…) Ainsi je mange rose comme je vois sucré. » A travers les échanges se dessinent les personnalités, les phobies, les paradoxes. Le tout n’est pas ennuyeux une seule seconde.
La mise en scène, une cuisine moderne, rehausse les textes. Les acteurs, Michelle Brûlé et Eric Charon en particulier sont extraordinaires. Vite, à table !
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